« Mon honneur m’est plus cher que ma vie ! » s’exclamait Don Quichotte en chargeant de sa lance des moulins à vent…
Le beau chevalier utopiste sillonnait la péninsule ibérique avec pour seul dessein de combattre le mal.
Mes adversaires à moi n’étaient pas chimériques. Ils m’ont combattu, âprement, longtemps, ils ont mis en péril ce que j’avais gagné en partant de rien et que je souhaitais laisser à mes enfants. Mais surtout ils ont abîmé ce qui pour moi, tout comme Don Quichotte, était plus cher que ma vie : mon honneur.
S’il ne changea jamais dans le cœur des quelques proches qui continuèrent à croire en moi, il fut taché un temps dans le regard des autres.
Je n’ai jamais pu me soustraire à ce regard, y être insensible car je dois avouer la faiblesse d’aimer être aimé, de tous. Le mépris d’un seul, quel qu’il soit, me fait douter.
C’est pour cela que toute ma vie j’ai tenté d’être « aimable », un homme que l’on peut aimer, qu’il est impossible de mépriser. Alors faut-il dire combien ces doutes, ces critiques ouvertes ou souterraines, ces regards détournés, ces « amis » qui rient de ne plus l’être, ces accusations formelles, cette mise au ban inavouée m’ont fait mal, très mal.
J’ai connu, malgré la présence inaltérable de quelques fidèles, une solitude nouvelle que j’avais passé ma vie à fuir. Ce premier repli sur moi m’a protégé et m’a permis d’ouvrir les yeux. Je me suis mis à douter de l’humanité, je lisais et citais Machiavel. Puis la douleur s’atténuée. J’ai repris des forces. Je suis remonté sur mon cheval pour charger mes moulins. Et j’ai gagné !
La justice française, bien que très longue, m’a donné raison en première instance au Tribunal de Commerce d’Antibes, puis en Cour d’Appel à Aix‐en‐Provence. Et enfin, la Cour de Cassation par un arrêt simple et définitif, m’a rendu, après plusieurs années, mon honneur abîmé.
« Ce qui ne tue pas te rend plus fort » criait Nietzsche dans Ecce Homo avant de sombrer dans la folie. Ces mots sont sûrement vrais, pourtant, je rajouterais : ce qui ne te tue pas t’abîme, te rend plus dur aussi. C’est le prix à payer pour l’armure que l’on pose sur nos blessures. Ainsi va la vie !
Ce qui fut abîmé est réparé. Bien que rien ne soit plus comme avant. Je sors peut‐être plus fort, plus dur, vainqueur de ce combat. J’en sors aussi soulagé, apaisé. Je ne me bats plus pour survivre. Je retrouve une vraie soif de vivre. J’ai pour projet de bientôt sillonner le monde, de le découvrir encore. Je partagerai avec vous ces joies. C’est tout l’avantage des orages, l’éclaircie qui s’ensuit nous éblouit.
Je remercie de tout mon cœur ceux m’ont supporté et aimé. Continuez !
Vivent l’amour, l’honneur et la vie !